La déchirure demeurait dans son cœur Quarante ans après, il ressentait la peur Quand il pensait à ce jour, où ils étaient Venus l’arrêter à la maison. Il ne savait Pas encor que la guerre des six jours Avait débuté, qu’il ne serait pas de retour Chez lui. C’était le cinq juin de l’année Mille neuf cent soixante sept, une journée Qui allait changer le cours de sa vie. Ce lundi Matin, lui et d’autres juifs avaient été pris Par des policiers sur l’ordre du président Nasser qui voulait se venger des résidents Juifs qui n’avaient pas saisi leur chance De quitter l’Egypte et dont la présence L’irritait. Il les envoya sans douceur au bagne, A Abou Zaabal pour satisfaire sa hargne. Son aviation venait d’être détruite au sol, La guerre était perdue. Il en avait ras le bol De tous les juifs qui l’avaient humilié, Son souhait de conquête avait été tourné En une cuisante défaite. Son rêve de former Une seule nation arabe venait de s’effondrer. La dure réalité du malheur l’avait accablé, Tout comme les juifs du Nil qu’il avait internés. Il repensait à Nasser, mort dans l’indignité De la défaite, à son propre départ précipité D’Egypte, un peu plus de trois années après Son injuste internement. La douleur du passé Demeurait, mais , il n’avait pas de rancoeur Contre ce pays qui l’avait trahi, où le malheur L’avait frappé. Il pensait à son calvaire, Les espoirs de paix, Sadat, Rabin, une paire De colombes tuées, le renouveau de la violence Dans les territoires occupés, l’indifférence Du reste du monde devant l’antisémitisme Grandissant au nom du nationalisme. Il voulait vivre pour voir la fin de la violence, Du sang versé, des continuelles souffrances. Il espérait la paix pour tout le monde, Lui qui avait dans son âme profonde Eté traumatisé. Libéré des dures chaines De la servitude; il vivait résilient, sans haine, Œuvrant pour la fin des guerres meurtrières.