Il s’amenait le matin tôt pour parler Avec les vétérans admis la veille. Les étudiants en médecine le voyaient Parler avec eux comme pas deux pareils.
Il commencait par les rassurer En soulignant qu’il n’avait jamais Vu un fou de sa vie et qu’il était Là pour les comprendre et les aider.
Les vétérans parlaient des souffrances Endurées, des frères fauchés au combat, Des tueries qui vous tournent en abats, La terreur dans l’horreur, les consciences
Perturbées par des visons abominables D’ enfants abandonnés, des femmes Violées, des terres brûlées, des hommes Hébêtés, des cris, des râles, incroyables
Visions qui tourmentent l’âme à vie Et qui poussent à rechercher la paix Dans les drogues fortes pour échapper Même un instant à l’ intolérable infamie
Présente jours et nuits. Il écoutait, Il compatissait, il leur donnait l’espoir De revivre, de ne pas dire au revoir A la vie, de rejeter la haine, de recapturer
La sérénité perdue par ses terribles Souvenirs. Ils reprenaient alors courage En l’écoutant, en acceptant son message D’espoir et en mettant de côté l’horrible.
Les étudiants en médecine comprenaient L’importance de donner l’espoir à tous Les malades mentaux qui sont au bout De leurs rouleaux,sans jamais les juger.
Il revenait chez lui le soir content, satisfait Que son message ait été entendu, il dormait Paisiblement en attendant de recommencer Le lendemain son aide fort appréciée.