Je suis né sous le signe de la vierge Et porte bien mes soixante dix berges Il fallait que je parle des années passées Sur cette terre qui s’ est un jour retournée Contre tous les juifs du Nil avec colère. Je ressens la douleur de mon père Le jour où il fut forcé de démissioner De son travail alors qu’il n’avait Pas l’âge de la retraite, son malheur Etre né juif dans un pays où la peur L’intimidation et l’intolérance régnaient, Les citoyens non musulmans constataient Avec inquiètude qu’ils devenaient indésirables Et que leurs droits n’étaient pas semblables Aux vrais citoyens qui se devaient D’être musulmans. Pour survivre, il fallait Quitter le pays ou se convertir à la vraie Et seule religion. Mon père préferra penser Que ce changement n’était que passager L’ intolérance allait très vite cesser. Tristement, je dis que son optimisme inné Avait disparu avec l’exode de la communauté Israelite d’Egypte en moins de vingt années. Il dut se résoudre à quitter le coeur lourd En emportant avec lui son amour Pour ce pays qui l’avait déçu et trahi. J’admire mon père de m’avoir appris De garder le sourire devant l’adversité En vivant sans colère en toute sérénité Et de penser que le meilleur jour De la vie est toujours Celui qui vient.