Invitation
La campagne en hiver, figée comme un désert,
A mis son manteau gris,
Triste manteau de pluie.
L'épouvantail amer, sur pommier de misère,
Hurle, se désespère,
Dans le vent en colère.
Alouettes hardies, tristes corbeaux de nuit,
Récitent, dans les champs,
De sombres poésies.
Et la meule de foin, au chaud dans le grenier,
Narre, aux bracelets d'aulx,
Son tout dernier été.
Un chemin buissonnier, fantasque et bohème,
Conduit à la maison.
Tu prétends que tu l'aimes !
Dentelle de fumée, en route vers le ciel,
Sort de la cheminée
Ou d'un rêve d'hirondelle.
Les vieux meubles d'antan, aux patines d'abeille,
Frémissent en nous voyant.
Ecoute les craquements !
Et les cuivres anciens, rutilants, flamboyants,
Lorsque j'effleure ta bouche,
Remplacent le soleil.
Ensemble, nous trouvons dans l'armoire de grand-mère,
Fleurant bon thym, lavande,
Douces senteurs familières,
Un pot de confiture, des truffes au chocolat.
Tiens ! Prends un morceau de pain.
Prends le pichet de vin.
Puis soudain, tout bascule. Même l'horloge comtoise
Et son balancier d'or
Ne nous cherchent plus noise.
Tu dis qu'il fait bon vivre sous les doigts de Chopin.
Tu évoques Rimbaud.
Moi, je n'entends plus rien.