C’est une jolie table qui se dressait là Derrière la porte à poignée mordorée Sur l’arbre allongé, rêvant d’un bois de chez moi, Reposait le doux tapis de neige tissée. Et là dessus, sur la terre de nos vallées, Le service de la vie était déployé.
Le couvert était mis. Ce qui attirait l’œil C’était les assiettes. Pierres agrémentées Il fallait de la couleur sur ce sol en deuil. Dans ce cercle parfait, sur la route dressée Des gamins aux joues pivoines et rebondies Arboraient le sourire lointain de la vie.
Aux petites primevères immaculées De fleurir entre leurs lèvres bariolées ! C’était du rose, du rouge, un artifice De gaieté et d’insouciance sur ces calices ! Ils couraient les diables avec les autres anges, En criant, jouant pour à la fin s’y mêler.
Parcourant les champs de porcelaine émeraude, S’arrêtant à un ruisseau, devant une grange, Leurs regards c’était bonheur – et à satiété ! Voluptés du passé dans leurs prunelles chaudes Le son n’était pas. Mais le rossignolet si ! On devinait leurs sifflotements et leurs cris.
A l’écart de cette si folle promenade, Plus loin encore… Tournant dans l’univers fade Onze chaises. Imposantes, inexpressives. Au bout, un visage plus sombre que les autres C’est le fauteuil de Grand-Père, attendant son hôte. Dans les assiettes point de vie. Mais nostalgie.