Pour la mémoire des Gueules cassées et mutilés du cerveau de la Grande Guerre inhumés au cimetière des oubliés de Cadillac
LE CIMETIÈRE DES FOUS
Ils sont une centaine emmurés dans l'oubli De leurs effrois passés, de leurs douleurs charnelles. Dans ce lieu habité d'angoisse atemporelle, Ils dorment du repos des êtres incompris.
Ils sont ces croix de fer que la rouille a bruni, Disposées en carré, sans drapeau et sans stèle. Ceux-là n'ont plus de nom, ni lien de parentèle; Aux commémorations ne sont jamais fleuris.
Traumatisés, hallucinés, paralytiques, Anti-héros voués aux limbes psychiatriques, Aujourd'hui, comme hier, d'eux il ne reste rien,
Rien que ces croix rouillées en bout de cimetière, Un souvenir lointain de la folie guerrière, Rien que des os épars dédaignés par les chiens.