Afrique, en ce temps-là, sous le ciel bleu de France Te souviens-tu le chant de tes Sénégalais, Qui pauvres et joyeux, hier s’en sont allés En habits de soldat et pantalon garance ?
De tes déserts brûlants, ils troquaient la fragrance, Contre les pluies d’obus, la mitraille aux remblais. Ici, sur le Chemin, tombes sont leurs palais Dans les hivers glacés, couverts d’indifférence.
Tirailleurs et spahis, tes plus fiers combattants Coloniaux oubliés dans la marche du temps, Traînent leur ombre noire aux grilles du silence;
Au Moulin de Laffaux, vers Craonne ou Vauclair, Sont venus tes enfants, en toute nonchalance, Mourir dans les fracas d’un petit matin clair.
Emile Ducharlet (Extrait de "Chansons du Pays d'Abel")