A la mémoire des fusillés de Flirey, Vingré, Souain... A Joseph Dauphin, Jean-Julien Chapelant et toutes les victimes innocentes de l’injustice militaire...
Ils sont mille alignés sur une place d’armes, Dans le petit matin, aux brumes s’attachant, C’est tout un régiment rassemblé en plein champ, Que les canons lointains hèlent de leurs vacarmes.
Le visage creusé et le cœur en alarme, Ils sont là, résignés, et leur corps va penchant; Sur leurs membres le froid aiguise son tranchant; Au regard de certains, on voit poindre des larmes.
Les tambours se sont tus pour que parle le sang : Au poteau, sous escorte est conduit l’innocent, Puis la salve accomplit son verdict implacable...
La musique guerrière enchâssant les remords, Ils sont mille aujourd’hui à se sentir coupables, Honteux de défiler devant ce jeune mort.