Que reste-t-il quand le temps dénature Le doux reflet du délicat trésor Qu'on ouvre avec telle désinvolture Que l'écuyer au bois sonnant du cor Brise au galop le frêle bouton d'or? Ou bien le suc, ce songe inavouable Bu fraîchement en nectar délectable Est-il un lien qui rappelle à ce lieu Puis nous condamne au tourment implacable... Les souvenirs sont un cadeau de Dieu.
Que nous faut-il en actes de droiture Voler au loin en douloureux essor Et chaque fois revivre l'écorchure D'un passé lourd à consoler encor Mais qui revient affliger le décor? L'impression devient inéluctable Dans un sursaut l'esprit jailli, capable, Arrache net et sans trembler l'épieu Qui nous perçait, alors insupportable... Les souvenirs sont un cadeau de Dieu.
Peut-être que c'est une âme immature Perdue au fond d'un vaste corridor Qu'on vient traîner puis jeter en pâture En proie amère aux serres du condor Tournoyant seul autour d'un soleil d'or... L'instant d'aprés, une trace impalpable Fait rejaillir un moment formidable, Mordant le coeur de bien-être, au milieu, Pour caresser ce rêve insaisissable; Les souvenirs sont un cadeau de Dieu.
Père adoré, tu ne gardes que l'agréable Au fond des yeux en source inépuisable Quand quelqu'un part, il ne dit pas "adieu!" Mais aucun mur ne reste infranchissable Les souvenirs sont un cadeau de Dieu.