Amour ! Comme la haine, tu défies les Hommes ! Viles folies que les cœurs des mortels alimentent ; De ton appétit féroce et insatiable tu consommes La substance profonde de ce que nous sommes : Poussières fines d'astres morts qui se lamentent.
Amour ! Tu verses sur le Monde des larmes salées Tantôt bleues, tantôt vertes, au goût parfois immoral ; Quantités de merveilles stupéfient nos âmes mêlées Exposées aux vents furieux de tes Beautés adulées Dont la plus étrange se répand tel un spectre viral.
D'un mal contagieux, tu fais une allégorie du Bonheur Flottant dans l'eau boueuse d'un torrent d'amertume ; Celui qui ose, en fou cynique, s'imaginer éternel rêveur Tu jettes à ses pieds un cadeau dont il voit l'horreur : Des roses aux fines épines qui en font jaillir l'écume.
Aux lieux où tu paresses pour mieux nous observer : Terres d'illusions, tu chantes des litanies maudites ; Et ces berceuses lancinantes, pour nous achever Se dotent de chaînes dorées, prêtes à nous entraver D'une mélodie sonnant le glas de nos joies interdites.