Je vais seule la nuit, dans les catacombes, Mon cœur plus froid que le marbre des tombes, Avec l'œil du Diable pour unique flambeau Et hantée par le cri lugubre d'un corbeau.
Je laisse aux autres la poussière des rues, (Les amoncellements d'espérances déçues) Quand je m'isole dans ces abîmes profonds Qui souffrent le déluge de pleurs inféconds.
Je fais mien le dédale humide de ce domaine Où ne pénètre plus aucune âme humaine Car le Soleil qui brillait pour moi en surface Détourne de ma mémoire sa chaleur et sa face.
Mes fantômes se muent en oiseaux de malheur Dans l'ombre et le silence de ma douleur ; C'est ici-bas qu'ils font de moi leur Reine Puisque l'Autre m'oublie en attisant ma peine.
Si j'ai usé son luxe dans les rouages de ma folie J'en bois maintenant la coupe jusqu'à la lie ; Depuis qu'avec orgueil il s'invite dans mes songes, Son mépris a eu raison de mes mensonges.
Longtemps, j'ai cru nos âmes inséparables, Cachant les clés qui nous rendraient introuvables ; Car lui, je l'ai aimé ! - Mais cet amour donné Se disperse lentement dans l'air empoisonné.
J'attends de lui un pardon qui ne vient pas Tant il a fait de mon cœur un sinistre repas, Jetant mon sang au hasard d'un vent contraire Et mon souvenir au fin fond d'une terre polaire.
Invariablement, les nuits succèdent aux jours Loin du Monde qui me blesse encore et toujours ! C'est là que je cherche dans cet espace clos Le secret du bonheur avant l'éternel repos.