J'ai pour moi seule, toute la beauté du monde Enfermée dans un coffre, sans aucun espoir De m'extraire de cette folie vagabonde Qui brûle en s'agitant, comme un encensoir
Quel est ce corbeau qui, de ses ailes sombres Retenant prisonnières tes pensées légères, Sur ton monde muet, a fait avec les ombres Un lourd tissu de larmes mensongères ?
C'est la peur, sourde hantise de mon existence, Qui glisse, immuable, dans mes tristes rêves Et me fait sombrer dans une horrible démence Dont je ne distingue ni issues, ni trêves
Comme toi, j'ai banni les vagues fantômes De mon âme inquiète, obscure et confuse, Entrevu quelques éclairs et les faibles atomes D'un bonheur, même imparfait, qui se refuse
Si toi, tu m'acceptes et m'offres tes trésors J'accéderai peut-être à l'Univers entier, A des richesses immortelles, de feux et d'ors Voluptés inviolées qu'il me faudra expier
Jetant sur ton Hiver un doux voile de finesse Toujours victorieux, reviendra le bel Été, Qu'un éternel Soleil embellisse ta jeunesse Et règne sur ta vie en Monarque indompté !
Oui, j'entrevois la claire lueur du Printemps, D'une beauté unique dans ses éclats de lumières Et, je caresse l'ultime faiblesse du Temps Où sont dissipées mes sombres chimères
Sans donner à ton corps un moment de repos, Bénissant l'espérance et la flamme de l'envie Tu oublieras les regrets qui te courbent le dos, La grâce te montant à l'âme, tu jouiras de la Vie !