Je me suis réveillé sur un quai de métro Le cerveau engourdi, le moral à zéro. A quelques pas de moi débordait le chagrin De cent cinquante humains. C’était tôt le matin.
La rame est arrivée ; tout le monde poussait Des cris ou son voisin. Peut-être que – qui sait ? – On peut prendre plaisir à se faire insulter Mais je n’y parviens pas. Je dois m’ha-bi-tu-er.
Toujours, en embarquant, revient ce mal de cœur : Jamais rien ne dépasse et pourtant tout fait peur. J’essaie de me débattre au milieu de statues Vaguement animées. C’est moi, c’est moi l’intrus !
Debout, taiseux, passifs, l’œil fixant la sortie ; « Descente à gauche ici » dit une voix sans vie. Le manège a repris, j’ai sauté du wagon Et me suis écrasé contre un mur en béton.
Retrouvant mes esprits sur un quai de métro, Le cerveau engourdi, le moral à zéro, J’ai relevé la tête et je ne voyais rien Qu’une journée passée dans l’enfer quotidien.