Au château de Camelot, le roi Arthur était sur le point de convoquer la Table ronde pour y débattre d’une nouvelle quête. L’ayant appris, Merlin apparut dans la salle du trône pour y interroger son souverain.
Je viens d’apprendre que vous convoitiez le Saint Graal. Oui. Le désirez-vous plus que tout autre chose ? Certainement ! Alors n’hésitez plus et partez le quérir.
Quelques mois plus tard, sans résultat. Le Roi, contrarié, en appela aux lumières de Merlin. Merlin l’interrogea :
Voulez-vous le Graal ? Oui. Êtes-vous sûr de le souhaiter plus que tout autre chose ? Absolument ! Alors poursuivez vos efforts et vous le trouverez.
S’en suivirent deux années de recherches stériles. Le Roi, toujours plus dépité, rappela Merlin à ses côtés. Merlin l’interrogea : Êtes-vous absolument certain de vouloir le Graal ? Oui. Le désirez-vous plus que tout autre chose ? Sans aucun doute ! Alors méritez-le et il viendra à vous.
Après vingt années de recherches infructueuses, Merlin rejoignit le Roi, plus soucieux que jamais, sur son trône. Merlin l’interrogea : Espérez-vous toujours trouver le Graal ? Oui. Le désire-vous plus que tout autre chose ? De toutes mes forces ! Alors prenez-le… Merlin, radieux, lui tendit la coupe sacrée qu’il dissimulait, rayonnante, sous sa robe d’enchanteur depuis le premier jour. Le Roi hésita un instant, puis recula en secouant la tête. Son visage, venait de s’illuminer à son tour : Non. Vous ne le voulez donc pas ? Non. Puisque je vous l’offre. Non. Vous le désirez pourtant ? Oui, plus que tout autre chose ! Alors pourquoi le refuser quand il se présente à vous ? Si je l’acceptais, ma vie perdrait tout son sens. Il ne me resterait plus qu’à me laisser mourir. C’est pourquoi, Merlin, je vous prie, aujourd’hui, de le garder. Le moment se présentera bien où je le découvrirai par moi-même. Ce jour-là et ce jour-là seulement sera le bon…
Sur ces sages paroles, Merlin repartit, un sourire sur les lèvres et le Graal sous le bras.
