L’homme cloche des villes bien-pensantes Siège voûté sur un trône public Dans l’enceinte d’une allée commerçante Toute remplie des rêves idylliques De badauds masqués pas si faméliques Il regarde défiler ces humains Comme hypnotisé par les sacs à main Avant de rejoindre la Canebière Sa ronde femme à portée de la main Il se morfond dans la lie d’une bière
Âme en peine sur la chaussée glissante Il fend la foule d’un rire angélique Et verse son haleine putrescente Suscitant nombre de regards obliques De la part de passants somnambuliques Tous craignent d’y voir un simple être humain Où l’ombre même d’un cousin germain En l’habit qui descend la Canebière Un plein litron de cervoise à la main Il se morfond dans la lie d’une bière
Pauvre hère dans la rue meurtrissante Il retrouve ses claques et ses cliques Sa face creusée de stries rubescentes Dans un vif froid de chien vitriolique Que soulage un chaud baiser éthylique Il tête sa bouteille des deux mains Tout seul sur son carton dans un chemin A proximité de la Canebière Sans savoir de quoi sera fait demain Il se morfond dans la lie d’une bière
Il faut attendre le surlendemain Et les jeux joyeux de quelques gamins Pour que l’on trouve son corps dans la bière Fini pour lui plus d’autres lendemains Il se morfond dans le lit d’une bière
PS : ce texte est construit sur le modèle de la Grande ballade : 3 dizains de décasyllabes et un quintil en forme de conclusion et du renvoi : il se morfond dans la lie d'une bière / Il se morfond dans le lit d'une bière