Sous les tourbillons feuilletés d’une ville jaunie, Calfeutré au logis, sous un toit, à l’abri, Je perçois dans la rue le fracas de l’esprit De vents tourmentés me rapporter quelques cris D’une armée bien nombreuse aux pas lourds d’arythmie Qui s’approchent d’ici. Quand soudain retentit, Au dehors, la cloche au clignement d’euphorie Qui s’affole et grandit, joviale symphonie Entremêlée de cœurs teintés de batterie Ou de chocs porte-à-porte, explosion de folie.
BAM BAM BAM – BAM BAM BAM
Je me presse à l’entrée, doucement, sans un bruit. La pupille appuyée au judas ébahi, L’œil vif et pers perçant la pénombre et la nuit, Je contemple, en secret, un spectacle ahuri : La valse des monstres gros, grands, gras ou petits.
« Cornebredouille et valsengui ! » Fantômes déchaînés hululant leur dépit ; Gourmande bandelette au profil de momie ; Verte ogresse goulue, la pelisse bouffie ; Loup-garou dent de lait hurlant à l’affamie ; Petit diable fourchu maître en gloutonnerie ; Dracula exaltant son émail de rubis ; Sorcière au nez crochu sous la lune candie ; Dragon torticolis, l’appétit poursuivi D’un chevalier sans tête à la hache brandie ; Lutins écarquillés, sacs ouverts, plein d’envie ; Squelette boute-en-train « to me or not to me » ; Et Dame Citrouille éclairée d’une bougie.
Derrière la porte, tous ensemble, tous unis, La voix claire et distincte, ils entonnent, ils s’écrient : « La bourse ou la vie ! » Hi Hi Hi – Hi Hi Hi Pour quelques sucreries !