L’autruche, oiseau-coureur, Hissée sur ses deux jambes Aux cuisses de sprinter, Saute, court et enjambe Les dunes de l’Afrique, Les plaines d’Australie, Au pas de gymnastique, Au son d’un hallali, Aux sons des tralalas Entonnés avec zèle Par les bellissima Aux plumeaux poivre et sel. Il chasse et court Allegretto La dame oiselle. Il chasse à courre Fortissimo La jouvencelle. Avant de parader, l’oiseau noceur Se pare de ses plus seyants atours, Bardés d’un noir parsemé de blancheur Pour la nuit comme pour le jour. A l’exception des nuits de pleine lune Dont les fréquentes menaces inopportunes Ne cessent d’inquiéter ce sacré joli cœur Qui redoute du ciel que la boule lueur Ne lui tombe sur la tête, au risque de la perdre, Tels les nobles d’antan après les jours de fête, A qui de temps en temps, il arrivait de craindre La Terre et ses révolutions. Voilà pourquoi se dérobe l’athlète. Didactyle élégant, il entre en politique Et prend la position Quelque peu monarchique : Les jambes bien droites, inébranlable Et le bec dans le sable, Le panache sur le séant Et non dans l’attitude. De l’élégance ? Une certitude. Mais sans allant. N’oublions pas le sort autrefois réservé A cette dame autruchienne* à la mine Engoncée dans les terres guillotines. Lune cou coupé
(le texte est un calligramme plein représentant une autruche à la tête dans le sable avec en fond la pleine lune dans laquelle vient s'inscrire la conclusion "Lune cou coupé" hommage à Apollinaire)
* l'autruchienne est une référence à Marie-Antoinette