Marchant sur son rempart quand guette la tempête Il balance les bras qui s’appuient contre l’air
Il tâtonne le noir oscillant de la tête Ses deux pieds bout-à-bout grignotant la frontière
Sur sa gauche Une rangée de pieux élimés et saumâtres A la plante des pieds plantés dans le sablon Sur sa droite Les pavés bien rangés d’une route grisâtre Au maillage pavé de bonnes intentions
Les embruns éventés d’une voix indicible Lui crucifient le dos des flèches du passé
Et le sel sur ses plaies incendie l’invisible Brûlant ses chairs à vif en son corps engoncées
Sur sa gauche Le cheval au galop d’une mer déchainée S’approchant du Sillon sur le dos des marées
Sur sa droite Des machines de fer à l’asphalte enchainées Qui filent à l’indienne en un raz-de-marée
Il glisse pas à pas sur les lignes jointures Ignorant le fracas des bourrasques de mer
Il plisse en pas de vis en signe de torture Déplorant les tracas des tarasques de terre
Sur sa gauche Pleine mer pourléchant de ses lames la pierre Sur le fil d’une langue à l’essieu lacéré Sur sa droite Pleine terre imbibant de ses drames l’empierre Sur les murs exsudés d’une ville empourprée
Sa démarche branlante enfreint la gravité Contre les gerbes d’eau qui giclent par paquets
Et les rues tout autour transpirent d’anxiété Entre peur et mousson dessous leurs parapets
Sur sa gauche Des corsaires d’écume à l’assaut de la digue Derrière les canons dégorgeant d’explosifs Sur sa droite Des cravates de soie plongées dans une gigue Devant l’orgie de biens tout aussi corrosifs
Il flirte avec la vie sous les bombes de mer En plein chambardement des trombes excitées
Il flirte avec la mort sur la tombe des terres Evitant le chambard dément de la cité
Sur sa gauche Déferlement de crocs par stridentes saccades Qui pénètrent la rue jusqu’à l’inondation Sur sa droite Des claquements de dents du fond des barricades Qui craignent pour leurs biens cette eau de destruction
Détournant l’embarras de choisir son côté Il sait tout simplement qu’il ne faut pas tomber
Il marche droit devant contre vents et marées Sans descendre du mur sauf contraint et forcé
Sur sa gauche La mort La vie Sur sa droite La vie La mort