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Erwan AMIRI

Les treize cou(ps) de minuit

Bientôt minuit… Le cOucOu pendulaire attend
Son heure. Et tic ! Et tac ! S’égrène la lumière
Grignotée par l’obscur sur l’étroite frontière
Entre la vie, la mort et le muscle du temps.

Minuit ! Minuit !... Le cOucOu comprimé se tend
A l’heure. Et cric ! Et crac ! Les aiguilles altières
S’embrassent corps à corps en lesbiennes geôlières
Délivrant l’oiseau gris qui chevauche le temps.

Cou-cou ! Cou-cou ! Il crie d’être vivant. Il sort ;
Il rentre. Il rentre ; il sort, le sursis sur ressort
Et le bec en devant de trop d’envie de vivre.

Cou-cou ! Cou-cou ! Douze COU(ps) sont passés. L’oiseau,
Brusquement ravalé par KrOnOs et son cuivre,
Se doit de patienter jusqu’au prochain fuseau.



Proposition de lecture aniMiste à l’usage du public.
Un lecteur déclame les vers de ce double sonnet pas tout à fait classique. 12 personnes l’encerclent (peut-être choisies parmi le public) et lui tournent autour en clamant COU chacun leur tour, en lieu et place du conteur, au gré du texte, avant de s’unir en une seule voix pour le COU final des « Douze COU(ps) sont passés » donnant ainsi vie au 13è coup de minuit puis celui de midi… qui annoncent chaque fois le tableau de fin : celui de l’attente. Si la lumière apparaît, alors, comme un micro événement, la répétition régulière insiste sur la monotonie mécanique de la monotonie d’une vie de coucou. Il est donc possible de répéter et d’alterner les 2 textes comme une ronde d’enfants qui ne s’arrêterait jamais.