Mon Wilson, Tu es parti lorsque je n’étais pas là. On dit que ça arrive parfois, que c’est comme ça. Mais je sais bien que c’est tout de ma faute. Pourtant je t’avais dit que j’allais découvrir la mer, que ça ne serait pas long et que je te raconterais. La première fois que tu restais seul et toi tu as crû que je t’abandonnais !? Wilson, pourquoi je ne t’ai pas glissé dans un plastique ficelé à la ceinture de mon pantalon ? Comme chaque fois où je t’emmenais jouer dans le square, derrière l’immeuble ; rien que tous les deux. Si tu savais combien tu me manques. J’aimais tant quand tu étais là. Je te récitais les multiplications pendant que tu me rappelais les b-a-ba. Je chuchotais des chansons rien que pour toi : « Poisson ! Poisson ! A trop tourner en rond tu vas finir poisson… » et tu tournais pour moi. Et les fois où je te posais par terre et que, les pieds dans ton bocal, tu venais me chatouiller. Ca me faisait rigoler les orteils ! Mais toi tu t’es sauté de trop te sentir seul… Alors à qui je vais maintenant raconter les secrets dedans ma tête ? Quand ils débordent et qu’ils font mal. Qui va veiller sur moi les nuits où ils travaillent tous les deux parce qu’il paraît que je suis grand ? Je ne sais pas. Je ne trouve pas. Depuis que tu n’es pas là, je me sens si petit. Ils disent tous que je suis stupide et répètent que tu n’étais qu’un bête poisson rouge. Ils veulent même te remplacer si ça peut me faire plaisir. Mais ce ne sera pas pareil, Wilson. Tu étais mon ami et les vrais amis ne se remplacent jamais, pas vrai ? Alors, où que tu sois, pardonne-moi de t’avoir laissé. Et toi, s’il te plaît, ne m’oublie pas. Surtout ne m’oublie pas… Sinon, comment je vais grandir ?