Chaque fois que Phœbus quitte son piédestal Que l’espace revêt sa chemise de nuit Une dame apparaît dans sa robe fatale Le visage baigné du soleil de minuit
Sa présence irradie immobile et muette Confidente discrète à la face éborgnée Pour veiller flamant noir au chevet du poète La figure ampoulée d’avoir trop besogné
Ah ! Que deviendrais-je sans toi ma bonne amie ? Croupirais-je sans fin dans de mornes cachots Condamné à souffrir de mortelle anémie Qui me rongerait l’âme ainsi que de la chaux ?
Vieille et fausse indolente elle incline du chef Sur la plume et l’oiseau qui grattent le papier Et maintient la clarté dessous le couvre-chef Sans jamais de bougeotte à son unique pied
Elle écoute en secret toutes ses confidences Ses maux et ses regrets qui lui sont chuchotés Ses heurs et ses malheurs sans la moindre incidence Tout comme ses rimes contre l’humanité
Mais voici que Phœbus rejoint son piédestal Que l’espace revêt son divin manteau d’or Que la dame s’éteint dans sa robe fatale Le visage ébloui du soleil de l’aurore