Vos
poèmes

IV

Rappelez vous ces nuits d’alcool,
Vous étiez toile et moi le peintre,
Votre corsage et mon faux-col,
Embrassés à l’unique cintre

Eclatante de nudité,
Vous prîtes la sensuelle pose ;
Un long parfum de volupté
S’y déposait comme une rose.

Je fis d’abord un doux croquis,
Tel un prélude monochrome,
Annonçant un tableau exquis,
Sur votre peau, candeur de môme.

Je vous peignais d’un plus grand soin,
Car vous vouliez un vrai chef d’œuvre,
Le cadre était fait d’air de juin ;
Alcôve tendre à ma manœuvre.

Plus qu’une main c’est un rameau,
Mon désir soufflant ses louanges ;
Une aquarelle où la seule eau,
Est l’eau de rose aux mains des anges.

Je ressentais tant de couleurs,
Que même Diane fut jalouse
De votre corps aux vins saouleurs ;
Un pinceau tel une ventouse !

Touche de bleu du bout du doigt,
Perle de rouge à mon mystère,
Et puis du jaune, oh oui l'on doit
S’en souvenir je bus un verre !

Je bus un verre en ton parfum,
A cet éclair rare et mystique,
Où le tableau touche à sa fin ;
Un frisson ivre et fantastique !