Une mouche stupide dans un corridor S’occupant sans désir des besognes du jour, Volait obtusément ; elle errait sans radar Et frôlait de si près les murs avec son corps Que ses ailes doutaient des bontés du hasard. La râpe de béton bientôt fut sans retour.
Tournoyant vers le bas et ne maîtrisant plus Ni le nord, ni le sud, notre pauvre diptère Se voyait arriver en très grande infortune Sur le sol de parquet, telle un avion perdu. « Je ne puis me résoudre à manger cette prune. Il me faut redresser pour éviter la terre ».
Mais qui donc s’intéresse aux paroles de mouche ? Qui même les entend bourdonner de détresse ? Petit être tu tombes et tu vas t’écraser Il te faut je le crains accepter cette touche. Si tu peux tourne toi, c’est moins dur sur les fesses, Sinon je le crois l’oraison est conseillée.
Inéluctablement, l’insecte descendait Vers un court horizon, un bien mince destin Quand un chat s’approchant sans une vibration Se fixa juste sous l’esche qui renonçait. « Je sais que je verrai de nouveaux intestins, De moi ce gros matou, j’ai peur, aura raison. »
La langue enfin happa et jeta vers dedans La bête qui ainsi finissait dévorée. Au fond du corridor, j’ai vu, je le confesse, Bien des journées plus tard, un gros chat noir gisant. Trônant dans sa litière, sur de félines fèces, Une mouche vorace et des ailes de fée.