Sur son récif désert, le naufragé mourant Scrute des jours durant Le lointain horizon, dans l'espoir que se hisse La voile salvatrice Qui le délivrera de sa vieille compagne : La folie qui le gagne, Comme un venin jailli des crochets du serpent S'insinue lentement Dans son corps affaibli. Fatigué de lutter, Lassé d'exécuter Chaque jour les tâches qui l'aident à survivre, Inconscient comme ivre L'automate répète ses gestes sans but, Pointant vers l'azimut Son poing rageur contre les vents qui atténuent Ses cris trop retenus. Mais dans cet océan de solitude, il tremble. Ses deux mains se rassemblent Pour soustraire à ses yeux le vide qui l'entoure. Des frissons le parcourent, Et les sanglots qui agitent son corps bien las Sonnent comme son glas.