Il était un jardin, sauvage. Où par temps de grosse chaleur, Poussaient la menthe et le thym, Où la mer douce murmurait, non loin.
Autrefois, à l’ombre de sa muraille, Nous avions partagé un bout de pain. Nu, du pain nu, il me semble… Et entretenu bien des rêves !
Qu’importe si aux frêles moineaux, Qui à notre table venaient s’asseoir, Nous avions jeté nos miettes, Telle une manne tombée du ciel !
Qu’importe si au sourire parfait De ces statues grecques, notre âme Ne trouvait nul charme. L’Univers, De notre grande gêne était témoin !
Sans jamais élever la voix, tu conversais, Ton regard d’aigle régnant sur le ciel. Tu mesurais la terre. Accablé par la chaleur, Je partais me désaltérer à la rivière.
Compagnon, te souviens-tu encore De notre fureur pour déloger ce spectre Qui déchirait de ses mains errantes Nos frontières en continuant sa sieste ?
Te souviens-tu encore de notre rage, De ces coquilles vides ? Tu avais raison. Notre dessein était de vivre, tel un roseau Qui plie mais ne rompt point.
Tant de choses à faire sur cette terre, Et d’idées parties aux quatre coins du vent. Un peu comme ton allure, tes plaintes, Et les sourires qui allumaient ton visage !