Noctambule
Ô douce nuit, qui calme les douleurs enfouies,
Et berce les chagrins érodés par les années.
Tendre fraîcheur qui paraît, le soleil effacé,
Pour laisser le froid éteindre les tristes ennuis.
Ô obscurité, qui repose les yeux, lassés,
De voir tant de haine, de voir tant de peine.
Noir plaisir, qui masque la lumière reine,
Et ses images aveuglant les sens éveillés.
Ô ténèbres bienfaiteurs, qui soulagent les heurts,
Les emportant au coeur des songes éphémères.
Messages divinatoires, dépassant les colères,
Les entraînant dans des sommeils salvateurs.
Ô habile soir, fin du jour, aube des noctuelles,
Prélude d'un ballet aux splendeurs invisibles.
Crépuscule apaisant les fougues irascibles,
Sous des battements d'ailes, étrange ritournelle.
Ô nocturne valse, danse sous les étoiles,
Qui entraîne les rêveurs lassés des pas imposés.
Quelques mouvements, en rythmes irréguliers,
Sous une lune qui, lentement, lève son voile.
Ô clair de lune, qui laisse deviner, imaginer,
Les traits de l'être tant aimé, secrète égérie.
Ardeurs exacerbées par cette étoilée féerie,
Heures refuges pour les passions éclairées !