Ô neige immaculée n’ai-je donc tant vécu Que pour te lacérer et pénétrer, vaincu Par son attrait brutal, de ta chair la douceur ?
Des monts étincelants je contemple la face Et comme le tailleur son ciseau je déplace Mon ski en arabesque auprès de leur surface Suscitant en volute un esprit de poussière Où glisse en ciselant ma raison d'être entière.
Je sculpte en volupté l'onctueuse matière!
Plus bas, dans leurs forêts, je ressource mes jours Parmi les grands sapins et leur univers sourd Qu’ici seuls troublent les battements de mon cœur.
Je glisse, ornant, rayant la diaphane matière!
Écoutant bourdonner le silence hivernal Sous les sapins drapés en leur manteau nival, Je ne puis qu’effleurer le cycle immémorial De l’éphémère neige au destin que partage Tour à tour le torrent, l’océan, le nuage...
Ô neige immaculée n’ai-je donc tant vécu Que pour te retrouver flocon qui a fondu En moi, eau de la vie, source de mon bonheur ?