Tes cauchemars sont bleus horizon, couleur vieille Prière. Il en vient cent soudain, en longues files, Jusque dans les tranchées de ton front juvénile – Rampants, le ventre creux, vêtus de sales fripes…
Blotti dans un boyau, la Rosalie aux tripes, Tu te souviens des tiens, du labeur des labours – Vifs souvenirs jetés dans un sillon de balles Gaies qui sifflent en chœur : semis ou projectiles ?
A genou, comme toi, je découvre ta tombe ; La souche régurgite ici ton gris barda. – Fol enfant, paysan, tombé au champ d’horreur. Adieux côteau de vie, blés, enclos, potager !
C’est auprès d’une coupe, en un haut lieu soucieux Des ballons vosgiens, hier allemand, aujourd’hui Sous d’autres cieux, que gît ce jeune homme alsacien ; Repose en paix, soldat, dans ton écrin de buis.