A l'heure où le soleil se couche
J'ai regardé par la fenêtre, hier après-midi,
A l'heure où, tous les jours, le soleil se couche,
A ce moment si beau où le jour finit.
Je n'ai pu fermer ni les yeux ni la bouche,
Ni bouger ni parler, tant j'étais éblouie.
Je suis restée là, sans geste et sans voix,
Essayant de vivre autant que je pouvais
Ce moment sublime comme l'éternité.
J'avais déjà vu des couchers de soleil,
Mais celui d'hier m'a ensorcelée.
Je ne saurais décrire cette absolue merveille
Que de ma fenêtre hier j'ai regardée.
Aucun mot ne pourrait, ni aucun pinceau,
Faire revivre l'instant qu'hier j'ai vécu.
Hier, j'ai compris le sens de ces mots :
"O temps ! suspends ton vol", pour l'avoir voulu.
L'étendue du ciel, si haut, si élevé,
Le rendait splendide, vibrant d'intensité,
Plus vif et plus immense que l'immensité,
Et le faisait plus beau qu'il n'a jamais été.
Une couleur rosée, mêlée au bleu du ciel,
Changeait à chaque seconde la couleur du ciel.
Les nuages de coton, mobiles et colorés,
Créaient des images et des formes insensées.
Tous les tons de rose, de vert et de bleu,
Du plus clair au moins clair et jusqu'au plus profond,
Défilaient dans le ciel et devant mes yeux,
Pour aller se fondre jusqu'à l'horizon,
En une seule couleur d'une beauté étrange,
Celle du firmament lorsqu'il est orange.
Brillant de mille feux, l'orange un peu rose,
Faisait pour les arbres un peu dénudés,
Bruns et un peu sombres, un fond qui les éclairait,
Quelques minutes encore avant l'obscurité
Profonde de la nuit, noire, foncée et sombre,
Qui allait succéder aux couleurs et aux ombres...
Eteignant les lumières, s'installait à son tour
La belle obscurité pour régner jusqu'au jour,
Majestueuse et grande, comme une belle fée,
Comme une ombre nouvelle, une autre éternité.