Je laisse ma folie à qui veut la prendre Elle est fraiche et incertaine C’est à s’y méprendre Prenez ma folie, vous serez comblés Ma folie cassure Ma folie qui délie Entrez, entrez dans ma masure Cette vieille brocante Où des coucous cassés Par le hublot blessé Deviennent cœlacanthe. Venez à l’heure du thé Venez pour constater Qu’il n’y a rien de juste dans tout cela Vous prendrez bien un sucre ou deux Et puis quelques tracas. C’est doux et c’est odieux Tout ce qu’on dit sur moi Voyons, ne faites pas l’innocent Je suis tantôt dieu Tantôt indécent Mais grâce à vos pilules Vous savez mieux que moi Ce que je ressens. J’aurais préféré quelque libellule Et de l’amour dans mon Tercian Mais il est vrai que l’amour brûle Et que vous n’êtes pas très patient. Au monde entier je veux dire Toute ma veine Ma peine Ma plaine Au monde entier je veux dire ma plénitude Ma complète incomplétude Combien c’est dur L’absence de solitude. Un jour je serai comme vous Vous, les tranquilles Qui de vos mains habiles Maniez vos vies normales Loin de ma raison sale. Dites-moi votre secret Il sera bien gardé Car ma folie est un coffre Qui offre à entendre Mon plus tendre souhait : Je laisse ma folie à qui veut la prendre