Je regardais ses mains elle était au piano Un soleil épuisé jetait d'un air penaud Un rayon éclairant ses cheveux retenus Ruisselant doucement sur son épaule nue
Je regardais ses mains où des oiseaux timides Voletant ça et là nés de ma lèvre humide S'étaient posés craintifs pour un succinct repos Juste le temps furtif de goûter à sa peau
Je regardais mes mains posées sur mes genoux Ni vilaines ni belles et qui déjà se nouent En froissures de peau en si fines plissures En sillons que le temps signe de sa griffure
Comme au son du pipeau la danse du cobra De l'épaule au poignet la houle de son bras Faisait plus violents les baisers sur les touches De ses doigts enfiévrés par un tempo manouche
Je regardais ses mains le jour agonisait L'ombre s'épaississait le rythme s'apaisait Fermant le piano et se levant pensive Elle se retira dans la nuit possessive