Mon cœur battant depuis un temps cahin-caha Il m'arrive parfois de songer au trépas Comme une fin de jeu qu'on siffle Cimetières marins c'est déjà demandé Georges et Paul je le sais vous m'avez devancé Inutile que je renifle
Cependant vers le sud empruntez le chemin Croque-morts qui voudrez prendre en main le destin De ce qui sera ma dépouille Un peu avant que n'apparaisse à l'horizon Dans son écrin de bleu le Golfe du Lion Faites halte et qu'on se débrouille
Pour dénicher en suivant mes indications De Saint May en Drôme la situation Et bien sûr de son cimetière Car c'est là vous avez deviné mon souhait Dans ce village qui dresse son fier sommet Que je voudrais que l'on m'enterre
C'est un endroit perché au dessus d'un torrent Pas de route pas d'avenue pour qu'y s'y rend Y grimpe une petite sente Mais ces temps-ci ayant perdu quelques kilos Je n'imposerai pas un trop pesant fardeau Aux porteurs gravissant la pente
Certes je n'ai dans cette terre aucun aïeul Mes amis craindront que je m'y sente bien seul Raison de plus pour qu'ils y viennent Ils trouveront pour s'abriter quelqu'amandier A l'ombre duquel ils pourront bien me dédier Quelques belles pensées chrétiennes
Dessinant dans l'azur leur parade d'amour Indifférents à tout mes voisins les vautours Feront le don à l'assistance D'un spectacle inédit qui fera oublier Les regrets les chagrins les pleurs apitoyés Qui n'y sont pas de circonstance
Si une fée jolie arrive par hasard Voulant offrir le paysage à son regard Je voudrais bien je le confesse Qu'elle fasse siège de mon humble tumulus Je dresserai alors radius et cubitus Pour une ultime main aux fesses
Veuves et veufs et vous les pauvres orphelins Venant honorer ceux qui déjà les malins Ont commencé sans lassitude La montée qui les conduit vers le Père Eternel Jalousez celui qui en ce lieu solennel Passe sa mort en altitude.