Vous qui l'avez croisé par hasard cet automne Dans ce parc où naguère on aimait roucouler, Son regard était-il mélancolique, atone, Un sanglot isolé venait-il de couler ?
Après vingt ans passés loin de notre village, Quelques filets d'argent ornent-ils ses cheveux ? Si les rides du temps ont marqué son visage, Se souvient-il encor de nos jeux amoureux ?
Je n'ai pas oublié notre belle aventure, Cet amour défendu, censuré, condamnable, Qui nous a séparés, cruelle dictature, Châtiment homophobe, abject, impardonnable.
Si vous le revoyez flâner aux alentours, Si par chance il n'est pas aux bras d'un partenaire, Dites-lui que j'ai mal, que je l'aime toujours Comme on aime à vingt ans un jeune militaire.