Il fait le fanfaron comme à son habitude, Sous l’œil ensorcelé des convives joyeux Qui jurent à tout va, formelle certitude : « C'est le gendre idéal, un homme merveilleux ! »
Sa beauté, sa douceur, forgent la jalousie Des femmes dont l'époux, passif et détaché, Dévore du regard, et non sans frénésie, Les courbes d'une dame au charmant déhanché.
Assise à ses côtés, il me colle, il m'oppresse, Agrippe fermement mon avant-bras meurtri, M'encombre de mots doux, m'écrase de tendresse Et charge de baisers mon visage flétri...
Les pieds et mains liés ainsi qu'une recluse, J'aimerais leur crier : « Manipulation ! » Quand, dans un long discours, ce bellâtre m'accuse De ne pas lui montrer la moindre affection...
Mais je suis condamnée à garder le silence Et ne pas m'opposer au brillant enchanteur : « Sa Majesté le Roi » dans sa magnificence Qui n'a de qualités que ses talents d'acteur !
Je dois être exemplaire ainsi qu'un bon apôtre : Céder aux interdits, vivre sans liberté, Croupir dans un milieu sans amour ni clarté, Me taire et me plier aux caprices de l'autre.