Si tu savais combien dans mes nuits sans sommeil Est forte ma douleur et profonde ma peine Quand je pense à ce jour où, près de la fontaine, Tu posas sur mon âme un rayon de soleil.
Ta main douce et soyeuse ainsi qu'une caresse Effleurant mon bras nu frissonnant de désir, Et ton regard troublant qui me fit tant frémir, Je les revois encor luire sur ta jeunesse.
Nous étions seuls, si seuls que tes vingt ans brillant Exacerbaient sur moi l'accablement de l'âge : Et mes rides avaient les cernes du naufrage Du bateau de mon corps trop mûr et défaillant.
Mais l'Amour qui pourtant ne connaît pas de règles, M'ayant dicté sa loi contre ma volonté, Me fit fondre le cœur en ce beau jour d'été Devant l'envoûtement de tes candeurs espiègles