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Florent MACHABERT

Au grand galop

Ampleur de la forêt où les mousses malgré
L’humide couverture des printaniers feuillages
Des pieds le claquement peinent à étouffer :
Ils s’envolent et claquent et me portent ; l’orage

Sans prévenir menace et dresse ses oreilles –
Impavides vigies vissées aux quatre vents
Etonnantes vedettes qui jettent loin devant
Les noueux antérieurs d’un si noble appareil.

Nez au vent, ils fendent les futaies les canons
Enhardis par le ciel aux ultimes frimas :
Autant que les trombes, du dos aux paturons
C’est l’enneigée saison que l’on fuit à grands pas.

Ils s’envolent et claquent et me portent les pieds
Sûrs ; non ferrés ils envoient ce qu’il faut de sang
Pur, de la croupe au garrot, des flancs aux boulets :
Puissante est la saccade du corps oscillant

Qui traverse les champs, tantôt les rus franchit,
Lèvres musant, queue qui fouaille, sens en alerte,
Les trois temps se succèdent, plus fringants qu’alanguis,
Alors qu’éclatent au nord sur la plaine déserte

Tous les nuages fuis, et tandis que me portent
Et claquent et s’envolent les pieds ailés et lestes
Du piaffant équidé à l’encolure forte
Ruisselant et fumant sous les ondées agrestes.