L’odeur des linges blancs qui battent aux fenêtres, L’ivresse des cigales au zénith étourdies, Et l’Egée qui s’apaise quand s’enfonce la nuit, Quand saigne la résine sur l’écorce du hêtre !
Paradis des agrumes, comptoir des cotonniers, Venise mentholée, rempart contre les Turcs ; L’étranger offre ici du Proche l’amitié Et du Lointain diffuse les généreuses marques.
A mesure qu’ensorcèlent les salines torpeurs Des palmes et des vagues, le varech et le miel, L’amer et le sucré, l’anis et la cannelle S’épousent en secret sur des tables de fleurs.
D’abondantes corbeilles de bougainvilliers S’étirent nonchalamment sur la chaux des ruelles Saturées d’aromates, trouées de boutiquiers Que parfument l’épice, les olives et le sel.
Et quand la mer se gonfle et que les draps sont secs, Que la joie des enfants fait crépiter le sable, Que l’éblouissement se fait insoutenable Et que brûlent la peau et les paupières avec,
La salut vient de l’ombre et du soulagement Que procure le songe aux amoureux tendus Qui croient en la fraîcheur croissante du Levant Emplissant le calice où déjà ils ont bu.