Une arme déposée sur le sable mouillé Un mouchoir rougeoyant au gré de la marée Un casque étincelant que la nuit a éteint Un goéland volant au gré de l’air marin
Devant un Vittel-menthe, très frais, place de Vichy Derrière un cimetière, trop près, impasse Clichy A l’ouest une mouette riant au frais du vent Un morceau de soleil qui chauffe les passants
Inconnu du grand soir tombé trop tôt peut-être Devant un firmament arc-en-ciel vivant Disparu sans prévoir la couleur de son sang On a porté le coup sur son flanc sans paraître
Ici mon verre est vide et pourtant il en reste C’est le ciel qui pleure : décharge de chagrin C’est fou ce que le ciel peut avoir de chagrin Les chaises sont rentrées et c’est moi seul qui reste
Sur la plage fait rage un sillage de poudre Et un homme s’effondre comme s’abat la foudre Il a perdu son casque qui va lécher l’écume Demain on trouvera une ombre dans la brume
Dans le Paris mouillé de ces folles années Un grand homme en courant est venu me trouver « L’ennemi a frappé votre fils au matin Le Soleil l’a trouvé, couché, Monsieur Moulin. »