Le pas lourd, d'une fatigue extrème, La démarche branlante et le visage blême, La créature poussa la grille de fer forgé, Posant un genou à terre, exténuée. "Ceux là ne sont pas les miens!" Passant de stèles en stèles il se répetait sans cesse "Ceux là ne sont pas les miens!" Au détour d'une chapelle,il l'aperçut, Fier et droit se dressait le tombeau déchu. Le squelette craquant et cliquetant se jeta à genoux devant. "Je vous demande pardon!" supplia-t-il en pleurant. Il creusa la terre de ses doigts décharnés, Ses doigts en sang reprenaient une couleur rosée Ses yeux vitreux redevenaient translucides, Il sentait son corps et ses muscles plus solides. Les feuilles mortes se recoloraient de vigueur printanière, La poussière fit place aux herbes folles et à la bruyère. Il se releva avec agilité il les avaient retrouvés. Se remémorant quand ils les avaient abandonnés, Il relut l'épitaphe et de colère en brisa le marbre. De la vie il venait d'embrasser l'arbre. La vie jaillissait de lui d'une lumière dorée, Il sortit du cimetière fleuri laissant derrière lui son pass Sur la pierre brisée on discernait les lettres d'une brève, On pouvait y lire "Ici gisent mes rêves!"