L'enfant
Quand l’enfant était enfant, ses yeux neufs transperçaient le monde de questions sans réponse,
Quand l’enfant était enfant, son coeur neuf reconnaissait les âmes qui vibrent,
Quand l’enfant était enfant, ses gestes simples désarmaient les soldats déjà morts,
Quand l’enfant était enfant, l’aventure se créait entre ses mains, sans besoin d’images,
Quand l’enfant était enfant, la fiction dépassait la réalité.
Puis l’enfant a grandi, ses yeux ont commencé à se fermer,
Puis l’enfant a grandi, son coeur en cavale découvraient les âmes qui mentent,
Puis l’enfant a grandi, ses gestes lestés tentaient de parer les coups,
Puis l’enfant a grandi, l’aventure s’est figée derrière un miroir trop cher,
Puis l’enfant a grandi, la réalité était devenue plus épaisse.
Puis l’enfant a vieilli, ses yeux fatigués sont devenus transparents,
Puis l’enfant a vieilli, son coeur désabusé ne s’intéressait plus aux âmes,
Puis l’enfant a vieilli, ses gestes entraînés ordonnaient aux soldats,
Puis l’enfant a vieilli, maintenant l’aventure s’achetait,
Puis l’enfant a vieilli, la réalité serait-elle toujours si triste ?
Puis l’enfant est mort, aveugle depuis longtemps, il a pleuré, et ces larmes étaient les premières,
Puis l’enfant est mort, son coeur épuisé s’est ouvert à nouveau pour dire merci,
Puis l’enfant est mort, ses derniers gestes pointaient vers l’horizon,
Puis l’enfant est mort, l’aventure avait été si courte,
Puis l’enfant est mort, la réalité est ailleurs...
11/1995 - Lyon