Ennemie de mes jours, ennemie de ma vie, Tu fus ma plus fidèle et mon unique amie ; Ah si la liberté me doit être ravie, Etait-ce bien à toi d’en être le vainqueur ? Et d’incarner pour moi l’amour annonciateur, Toi qui fus ma constante et ma plus tendre amie.
Trop funeste ennemie du bonheur de ma vie, Ennemie de mes nuits, ennemie de l’envie ; Faut-il que malgré tout tu règnes dans mon cœur, Vaincu par ce cruel amour triomphateur ?
Est-ce à toi d’être mon vainqueur, Toi que j’aimais comme une sœur ?
Toi qui fus ma plus tendre et mon unique amie, Le désir de ta mort fut ma plus chère envie ; Comment as-tu changé ma colère en langueur ? Se peut-il que Constance ait fléchi ma rigueur, Que celle que j’aimais me tienne à sa merci, Que celle que j’adorais m’ait ainsi asservi ?
J’ai bien combattu ce sentiment tyrannique, Mais j’eus beau combattre cet amour anarchique ; J’eus beau lutter contre un sentiment despotique, Je fus vaincu par ce sentiment maléfique.
Mais comme un frère aime sa sœur, Jamais je n’ai eu de rancœur.