Début d'automne, le soir se pose paisiblement ; Le Soleil, au dessus de la forêt darde Son ultime clair et pâle rayon et s'attarde A dispenser sa tiédeur désespérément.
Le soir tombe à présent et les brouillards s'installent ; Entre chien et loup, c'est le moment rêvé pour Aller découvrir les merveilleux contre-jours Que font tes rayons, ô Lune! ô déesse astrale!
Une grotesque branche plus tordue que droite Que je tiens à la main pour rassurer mes pas, J'avance vers le vallon sans craindre un faux-pas. La nuit est incertaine dans cette sente étroite.
La Lune s'élève au-dessus de la forêt, Elle éclaire mes pas vers la grande clairière Dans le chemin étroit, je longe les fourrés Où un sanglier peut cacher sa tanière.
Le brouillard vaporeux rend fantasmagorique La sombre sylhouette des géants sylvestres ; Je pousuis dans la nuit ma randonnée pédestre Qui me fait découvrir des pénombres fantastiques.
Je suis parvenu à la grande clairière : Un cerf majestueux, la ramure héroïque, Défend son territoire par des assauts stoïques ; Il brame pour évincer les prétendants trop fiers.
Le brame royal, de plus en plus déterminé, Fait détaler quelque sanglier ou lièvre Et, me fait trembler comme si j'avais la fièvre. Les biches attentives se laissent dominer.
A présent, au delà de l'immense clairière, Dans l'allée cavalière que j'aperçois là-bas, Biches, daguets, hères, faons assistent au combat Du seigneur des bois et d'un jeune cerf..avant..arrière.
Les brouillards vaporeux, de plus en plus denses, La Lune blafarde promenant son regard Rendent féeriques ces assauts de grognards Qui, pour vaincre, sont tout en attaque et défense.
Le seigneur de ces bois reste un heureux vainqueur. Le brame retentissant est lancé à présent ; Et la biche élue aura son faon pour présent. Les biches de la harde attendent toutes en choeur.