Il fait nuit, au loin tinte la cloche du village. La Lune opalise les nappes vaporeuses Des brouillards légers, humides et frais Enveloppant les arbustes rabougris Recroquevillés contre les rochers vert-de-gris ; On reconnaît le chant plaintif de la hulotte effraie Qui empêche de coasser les grenouilles peureuses D'être dérangées dans leur paisible mouillage.
Une branchette casse, un jeune faon, yeux phosphores, Bondissant dans l'espace qui lui laisse espérer De pouvoir retrouver toute la tranquillité Sauvegardée par les élans de son agilité. La biche et son faon, un instant séparés Font de leur angoisse une horrible métaphore.
Sous la Lune, la brume, parfois vanescente, Fait entrevoir des êtres fantasmagoriques ; Dans ces clairs-obscurs allégoriques, L'imagination est toute effervescente.
Les brouillards légers, humides et frais Vous font à peine voir les arbres et leurs feuillages ; L'aquarelliste en ferait un joli barbouillage De flaques, de cuvettes et de marais.
Il fait nuit, Il est minuit. Les brouillards empanachés se sont enfuis. Nocturne, La pleine Lune opaline a séduit Le vieux clocher taciturne, Lui matador, Elle météore.