A la sieste, sous le pin parasol, à la mi-août, La chaleur est écrasante et les cigales stridulent. Etendu, à même le sol, le dormeur respire lentement Et, la balançoire berce sa somnolence réparatrice De sa ritournelle grinçante et régulatrice ; La jouvencelle rêveuse le regarde innocemment Et, de ses légers jupons gonflés qui le ventilent Fait de ce charme naturel un merveilleux atout.
Le dormeur, comme emporté par une brise marine, Les paupières tremblantes et entr'ouvertes, Rêve de bordées de corsaires embarqués Au milieu des haubans et des poulies grinçantes ; Et, les jupons gonflés deviennent des voiles latines ; L'équipage se balance sur des vagues déferlantes... Le sommeil plus profond, la bouche grande ouverte, Et, le dormeur s'éveille surpris par un hoquet.
A présent, se balancent au dessus de sa tête Deux jolies jambes fines et des jupons gonflés ; La chaleur intense, la stridence des cigales Font se magnifier le doux cadre champêtre, Va-et-vient incessant de la belle vestale Qui s'est assoupie, bras cramponnés retenant sa tête. Le dormeur éveillé respire le bonheur d'être. L'an passé, ils n'étaient que deux joyeux mouflets.