Lison tu m'avais donné ce rendez-vous, tu sais quand on est jeune on est un peu fou. Il était écrit viens à la nuit tombante je t'ai suivie tout là-haut sur cette sente petite particule du crépuscule et vers toi j'ai grimpé sur le mont Königstuhl.
Te souviens-tu de ces ombres chaotiques ? des murs tombés de cette église gothique. Comme nous, un peu folles elles couraient sur nos côtés et derrière, nous suivaient partout entre les ruines de grès rouges où pour toujours les contours tremblent et bougent.
Au soir, nos âmes aguerries palpitaient. Elles s'éveillaient, martelaient, enchantaient, rougeoiements sur fières armures sans peur pareilles aux lueurs de feux et clameurs sur le mont s'oyaient les forges du Neckar qui pour des siècles ont résonné jadis.
On s'asseyait au sommet de ces remparts tu te dessinais petite fleur de lys sur la terre et le ciel d'un soleil fuyard.
Par nos liens, chlorophylle enchevêtrée par-dessus tous ces fers de grilles rouillées, moi comme le rugueux lierre toi Lison, Heidelberg t'épanouissait liseron.
Auprès d'un château d'éboulis minéral germinait alors notre amour rudéral.