Un bon ami m’a dit l’histoire Que ci-après je vais conter, Elle n’est pas prémonitoire, Mais tirez-en moralité !
Un prunier offrait son branchage En refuge à un asticot ; Bien que larvaire, il était sage Et ne voulait aller trop tôt Se loger au cœur d’une prune Pas encore à maturité. Il se donnait cinq ou six lunes Préférant les fruits bien sucrés.
Lors, il attendit.
Un peu plus haut dans la ramure Habitait un petit moineau Qui aurait bien fait sa pâture De la viande d’un asticot, Mais celui qui vivait dans l’arbre Lui parut sous-alimenté Et aussi pâle que du marbre ; Il résolut de patienter.
Lors, il attendit.
Un chat qui était acrobate En haut de l’arbre était juché. L’oiseau à portée de sa patte Lui semblait un peu efflanqué, Il se dit qu’il devrait attendre Pour le laisser prendre du poids Et engraisser sa chair bien tendre Qui serait un festin de roi !
Lors, il attendit.
Il faut savoir qu’une rivière Sapait le sous-sol du jardin En charriant cailloux et pierres, Et fit s’effondrer le terrain. La mort qui résidait dans l’onde Emporta ver, oiseau et chat Directement dans l’autre monde Les passant de vie à trépas.