Un gentil paysan gérait un poulailler Une poule mourrait, elle était remplacée ! Un coq, comme il convient, régnait sur le sérail Et prenait chaque poule à son tour dans la paille L’usage en basse-cour veut qu’il en soit ainsi : Toutes sont honorées, et point de jalousie ! Un jour survint pourtant qui troubla ce bonheur, Une jeune recrue voulut choisir son heure ; Elle échappa au coq, émoustillant ses sens, Exigeant tout d’abord qu’il lui fit une danse. (Ce jeu autant qu’humain peut être d’animal) L’excitation, soudain, saisit le jeune mâle Qui fut pris d’un amour comme on n’a jamais vu. On l’en aurait cru fou, et sa raison perdue : Il ne pensait qu’à elle et était épris tel Qu’il cavalait partout poursuivant la nouvelle. Ainsi pour une seule, il pourrait oublier Ce qu’il devait toujours à leur belle assemblée ? Le ton au sein du groupe était des plus amers Et il fut décidé de ce qu’il fallait faire : Isoler la poulette et enfin la bannir, La chasser de l’endroit et le lui interdire ! « Dans quel recoin es-tu, toi, de ma vie le sel ? » Criait partout le coq en recherchant sa belle Et ne la trouvant pas, rien d’autre ne lui plut, Il en perdit le goût, l’odorat et la vue. La perte de l’amour l’avait tout déprimé, Aucune jamais plus, par lui, ne fut aimée… Eh bien, ami lecteur, avec moi dit « amen » Et de moralités, j’en ai de moins amènes !