Un vieux loup s'était pris de sympathie Pour un jeune loup à peine sevré Le jeune appréciait fort cette amitié Qui lui offrait ainsi la garantie De l'immunité par la protection Due au respect et à la crainte immense Qu'inspirait le vieux par sa dominance. En usant avec exagération, Il s'amusait, pour sa récréation, À agacer par jeu et par bravade Tous frères, cousins et camarades Les sachant interdits de réaction. Il alla un jour taquiner la meute Sans voir qu'un méchant et féroce ours brun Cherchait querelle à son ami plus loin ; La taquinerie tourna à l'émeute Et à la revanche des louveteaux Qui, voyant le trublion sans défense, Se vengèrent de toutes ses offenses En lui brisant sauvagement les os. Voici comment finit la triste histoire D'un petit inconscient qui s'était cru A jamais invincible et invaincu Du fait d'une force subrogatoire.
S'il vous faut un protecteur efficace Tout à l’exemple de ce jeune loup, Ne soyez ni trop sûr ni assez fou Pour en perdre distraitement la trace Et croire encore en votre impunité Et si, en en jouissant, vous en abusâtes Craignez fort qu'un jour le retour de batte Ne vous rappelle à la réalité.