Je le guettais anxieux derrière ma fenêtre Quand au coin de la rue je l'ai vu apparaître Poussant en souriant Sa vieille voiture à bras Ses grandes roues malmenées Par les pavés usés Chantant un lent refrain
Il a calé son étal bancal Au bord du trottoir Il a tiré sur son front sa casquette à carreaux Il a ajusté son grand tablier bleu Et il a attendu les clients
Il a vendu l'été À un groupe d'enfants Qui tendaient dans leurs mains Tout leur argent de poche
Il a vendu le printemps À un vieux monsieur bien mis Costume gris chapeau de feutre Qui s'est éloigné en sifflotant un air joyeux
Il a vendu l'hiver À un couple de bohémiens
Il m'a vendu l'automne Un automne tout enrobé de velours roux Un automne comme je les aime Avec des reflets moirés et des bouts de regrets Avec un vent léger et un soleil cuivré
Puis il est reparti Glaner des heures et des parfums Pour l'an prochain