Il est urgent de laisser passer le temps Les gens pressés et les oiseaux Vont leur train
Les poètes et la lune Vont le leur
On prétend que la mort n’attend pas C’est ce que croient les gens pressés Les poètes savent casser les horloges Remonter le temps Et faire patienter la mort
Combien de poètes morts D’avoir voulu aller aussi vite que les nuages Sont tombés entre deux livres
Quel gâchis Ces poètes morts à la guerre Morts au travail Morts d’urgence Morts à la vie
La lune me revient chaque soir Et de derrière les nuages Ou d’au-dessus de la pluie Parfois Elle me dit la beauté d’une horloge arrêtée Et j’écris chaque nuit Sans urgence à la vitesse de la lune Pour dire la beauté du temps suspendu